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Pourquoi utiliser l’écriture inclusive ? L’expérience de Steffi.

Temps de lecture : 4 minutes environ

On me demande souvent pourquoi utiliser l’écriture inclusive. C’est vrai ça, à quoi ça sert ? Pourquoi se casser la tête ? Et ma réponse est toujours la même : pour que tout le monde se sente représenté et pour éviter de reproduire des stéréotypes dans la langue.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’inverser les rôles : à mon tour de poser les questions ! Je lance une série d’interviews pour partager différentes perspectives (inclusives) (tu l’as ? 👀) (si tu l’as pas : c’est le titre de ma newsletter).

L’objectif, c’est de présenter des parcours variés et de montrer que tout le monde peut utiliser l’écriture inclusive. Pas besoin d’être rédacteur, traductrice ou écrivain·e. La langue appartient à toutes celles et ceux qui la parlent. Alors il est temps de se l’approprier ! (et de dire « merci mais non merci » aux recommandations de l’Académie française).

Je laisse la parole à Steffi, ma toute première interviewée (et une très belle rencontre, soit dit en passant).

Photo portrait de Steffi, conceptrice de sites web interviewée sur l'écriture inclusive. Steffi est une femme blanche, aux cheveux bruns et longs, qu'elle porte détachés Elle a des yeux marrons et des lunettes. Elle porte un pull fin rose vif et arbore un grand sourire.

Steffi est conceptrice de sites web certifiée en numérique responsable. Elle a à cœur d’aider les entrepreneur·ses à impact positif à trouver une clientèle et vivre de leur activité en respectant leurs valeurs. C’est pour cela qu’elle propose des services de conception éthique de sites web, pour un site performant, esthétique et respectueux du monde.

Sinon, en bonne taureau, elle aime manger, faire des activités de mamie telles que la broderie ou le tricot et les chats.

Au sommaire de cette interview :

  1. Le portrait de Steffi
  2. Sa définition du langage inclusif
  3. Depuis quand et pourquoi elle utilise l’écriture inclusive
  4. Les réactions de son entourage
  5. Ce qui a été le plus compliqué pour elle avec l’écriture inclusive
  6. Ce qui a été plus simple que prévu
  7. Son conseil pour les personnes qui aimeraient se lancer

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Steffi, j’ai 34 ans, je vis à Montpellier avec mes chats et je suis en couple lesbien (ça a une importance pour la suite).

Dans la vie, je fais de la création de sites web éthiques (plus écologiques et inclusifs que la moyenne) et j’aime manger, faire des activités de mamie (type tricot ou broderie) ou jouer aux jeux vidéos. Je peux aussi passer des heures à écouter des podcasts.

Quelle est ta définition du langage inclusif ?

Pour moi, un langage inclusif c’est un langage qui ne véhicule pas de clichés discriminatoires. C’est un langage dans lequel chaque personne peut se projeter et se reconnaître et qui ne participe pas à perpétuer la société patriarcale et d’exploitation dans laquelle on vit.

Depuis quand et pourquoi utilises-tu l’écriture inclusive ?

J’ai découvert le sujet de l’inclusivité au global vers 2017. À cette époque, alors que j’avais toujours été en couple hétéro, je tombe amoureuse d’une fille et je me retrouve donc « de l’autre côté », celui qui n’est pas « la norme ».

J’ai toujours eu un sens de la justice fort, j’ai toujours été contre les discriminations, j’ai toujours eu au fond de moi cet engagement. Mais la vérité, c’est que j’ai beaucoup de privilèges, et que globalement, à part le fait d’être une femme, je n’ai jamais subi beaucoup d’oppressions.

Sauf qu’à ce moment-là, ça change. Et la discrimination, je ne la comprends plus qu’en théorie, je la vis. Et je comprends tout un tas de choses que je n’avais jamais réalisé jusqu’à maintenant.

Je comprends qu’il ne suffit pas de dire « moi je pense que tout le monde devrait pouvoir aimer qui iel veut, se marier et faire des enfants si iel veut » pour que les LGBTQIA+ ne se sentent pas discriminé·es. Non, ça se joue ailleurs.

Ça se joue quand les gens que je rencontre me disent à chaque fois « Et toi t’as un copain ? » et que je suis obligée de faire un mini coming out.

Ça se joue quand la gynéco m’engueule parce que je n’ai pas précisé au début de la consultation que j’étais avec une femme (si ça a une importance, il ne faut pas supposer mais demander Madame…).

Ça se joue quand sur les papiers administratifs de notre couple, c’est écrit Mr et Mme.

Bref, j’ai réalisé tout ça et je me suis dit que ça devait être pareil (voire même certainement pire) pour toute autre personne qui ne coche pas les cases : blanc, mince, valide, hétéro, cis, etc. Et donc j’ai commencé à être plus inclusive dans mon langage. Parce que moi aussi, avant, je disais « Et toi t’as un copain ? ».

En plus, cette époque est aussi celle où j’ai commencé à vraiment consommer beaucoup de contenu féministe, et ça a donc fini de me convaincre que c’était un enjeu fondamental.

Charlotte Marti - Portrait sur fond couleur vieux rose

Cha l’incruste !

Si vous vous demandez encore pourquoi utiliser l’écriture inclusive… J’ai envie de vous demander : « Et pourquoi pas ? ».

Comment a réagi ton entourage face à ce changement ?

Honnêtement, ce changement est passé complètement inaperçu pour mon entourage !

Parce que j’utilise au max des formules épicènes, donc globalement, dans mon entourage personne ne m’a jamais rien fait remarquer.

Pour ma vie pro, j’ai eu la chance d’être salariée dans un service de communication qui encourageait l’utilisation de l’écriture inclusive. Et ensuite, je me suis lancée à mon compte, j’ai utilisé l’écriture (et je l’ai même affirmé et défendu) dès le début, et jamais personne ne m’a fait une remarque sur le sujet.

Qu’est-ce qui a été le plus compliqué pour toi dans l’adoption de l’écriture inclusive ?

Il y a deux choses qui m’ont posé souci :

  • Au début, je n’osais pas l’utiliser dans ma vie perso. J’avais un peu peur des réactions et puis aussi, quand on n’a pas l’habitude, ça demande un effort intellectuel. Et parfois, quand on parle avec ses potes, on n’a pas le courage de faire cet effort. Et puis finalement, petit à petit, c’est devenu de plus en plus facile et ça s’est intégré naturellement.
  • À l’oral. Encore une fois, au début, je n’avais pas le réflexe des formules épicènes et j’avais beaucoup d’automatismes. Mais là aussi, avec le temps et la pratique, c’est devenu naturel. Je pense qu’il y a encore des fois où les habitudes ont la vie dure mais globalement, mon langage est devenu beaucoup plus inclusif à l’oral aussi.

Est-ce que certaines choses ont été plus simples que prévu ?

Et bien, j’avais peur au début de l’utiliser dans ma vie perso. Et finalement, soit tout le monde s’en fout, soit personne n’a remarqué 😁

Charlotte Marti - Portrait sur fond couleur vieux rose

Cha l’incruste !

Steffi n’est pas la seule à avoir fait ce constat. L’écriture inclusive est un sujet très controversé, mais au quotidien, plein de gens l’utilisent sans que ça choque qui que ce soit. Faites le test, vous verrez !

Un conseil pour les personnes qui aimeraient se lancer dans l’écriture inclusive ?

Je dirais d’y aller petit à petit, sans se mettre de pression. C’est dur de changer ses réflexes, donc c’est normal d’avoir plein de loupés. L’important c’est d’en avoir conscience. Je dirais aussi, évidemment, d’écouter les concerné·es, toujours, quand il s’agit d’inclusivité. Et enfin, les expressions épicènes seront vos meilleures alliées !

Les mots de Steffi vous parlent ? Vous avez envie de découvrir son travail ?

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